L’homo-consomus du marché

Date de parution : 06/11/2012

La 9e enquête consommateurs, réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon et ses partenaires, a été rendue publique le 5 novembre. Dans cette étude, qui vise à connaître et comprendre le comportement des consommateurs, une partie est consacrée à l’achat de produits alimentaires sur les marchés. Chiffres et explications.

C’est l’un des premiers enseignements délivré par cette 9e enquête consommateurs1. 78% des ménages fréquentent le marché. Un chiffre en hausse de 5 points par rapport à l’enquête précédente (de 2006). Et 43% des personnes interrogées s’y rendent au moins une fois par semaine. A noter que les habitants de Lyon-Villeurbanne vont plus souvent au marché (14%) que l’ensemble des consommateurs du territoire étudié (10%). « Cette augmentation s’explique, en partie, par le besoin de créer du lien social lors de l’acte d’achat. Ce phénomène existe également au niveau national et croît en temps de crise, analyse Pascale Hébel, responsable du département consommation du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). Quant à la plus forte fréquentation des marchés sur Lyon et son agglomération, elle est notamment due à une offre plus importante. C’est aussi l’une des conséquences du vieillissement de la population. La clientèle des marchés est – dans sa globalité – majoritairement composée de consommateurs ayant entre 45 et 54 ans. »


Les Lyonnais se rendent davantage au marché en 2011 qu’en 2006_marché_géomarchés

 

Autre tendance déjà connue mais que cette enquête confirme: l’affection des consommateurs pour le marché d’après-midi. 36% des ménages interrogés souhaiteraient fréquenter ce type de marché. Un pourcentage qui atteint les 40% pour Lyon-Villeurbanne. « Les marchés reviennent à la mode, mais il faut les adapter aux rythmes des ménages. Le marché du matin est moins fréquenté tout simplement parce que les consommateurs travaillent. Le marché de l’après-midi, lui, se développe », souligne le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, insistant sur la volonté politique de répondre à cette demande. Sur le Rhône, se sont près de 35 marchés qui se tiennent l’après-midi, répondant en partie à l’attente des actifs.

Donnée capitale également rendue publique: le chiffre d’affaires des marchés. Celui-ci s’élève à 500 millions d’euros. Un montant en augmentation de 6% par rapport à 2006. A noter que la part de l’alimentaire reste considérable dans le chiffre d’affaires global avec 411 millions d’euros.

La concurrence des grandes surfaces alimentaires spécialisées

Les stars des étals restent les fruits et les légumes, représentant – en moyenne – 31% des produits achetés sur les marchés. Un pourcentage en baisse de 6,5 points par rapport à 2006. « Cette diminution est notamment liée au fort développement des grandes surfaces alimentaires spécialisées, explique Arielle Ucheda, directrice de l’ADPM. Grand choix de produits et larges amplitudes horaires font de ces structures de sérieux concurrents des marchés. »

 

Autre aspect expliquant la baisse de l’emprise des fruits et légumes, la saturation de ce type de produits sur la majorité des marchés du territoire. Conséquence, « le chiffre d’affaires de certaines entreprises travaillant sur ce segment diminue. Parfois, il arrive que la qualité de produits ne soit pas au rendez-vous », complète Arielle Ucheda (ADPM). A l’inverse, d’autres produits alimentaires type viande, charcuterie, produits traiteur pourraient davantage se développer sur les marchés. Il y a donc des étals à prendre car sur de nombreux marchés, il manque des bouchers, charcutiers, fromagers, etc.

 

Sur de nombreux marchés, il manque des bouchers, charcutiers, fromagers_marché_géomarchés

 

Marché et producteur, un duo de choc

Autre indication fournit par cette 9e enquête: 47% des consommateurs achètent des produits alimentaires auprès d’un producteur. Les ménages utilisent donc les circuits courts pour ce type d’achat. Des circuits de distribution qui se déclinent en sept catégories: commerçant ambulant, coopérative, ferme, magasin de producteurs, panier ou Amap (Association pour le maintient de l’agriculture paysanne), marché et carré de producteurs au sein de grandes et moyenne surfaces.

 

47% des consommateurs achètent des produits alimentaires auprès d’un producteur_marché_géomarchés

 

Globalement, le marché est le canal de distribution le plus utilisé pour faire des achats auprès d’un producteur, il est plébiscité par 53% des ménages interrogés. « On note des spécificités en fonction des zones d’habitation. Ainsi, une grande majorité des habitants de Lyon-Villeurbanne (67%) privilégient les marchés pour ce type d’achat », indique Arielle Ucheda (ADPM). « Cette recherche de produits du terroir, d’articles “Made in France”, est une tendance que l’on retrouve au niveau national. Un phénomène encore plus important en période de crise, avec en toile de fond une volonté de préserver les emplois locaux », précise Pascale Hébel (Crédoc).

Le goût des produits bio et équitables

12% des ménages font leurs achats de produits bio sur le marché. Un chiffre à prendre en compte étant donné que 47% des consommateurs interrogés en achètent et que les articles-phares de ce segment demeurent les produits frais: 65%.
Quant aux produits équitables, qui ont une croissance exponentielle, + 10 points en cinq ans, l’enquête indique que 49% des ménages achètent ce type de produits. Le marché reste à la marge, comptabilisant seulement 3% des achats de ce segment.

 

12% des ménages font leurs achats de produits bio sur le marché_géomarchés

 

Le marché demeure un circuit de distribution de proximité essentiel pour les Lyonnais alliant plaisir, convivialité et échanges. Si ce commerce a su s’adapter en répondant aux demandes des consommateurs, notamment par la création de marchés d’après-midi, le premier commerce de proximité de France doit continuer son ajustement pour répondre pleinement aux attentes des ménages, et faire du marché un lieu incontournable davantage de consommateurs.

 

 

1/ Méthodologie: Entre septembre et décembre 2011, un échantillon représentatif de 6 200 consommateurs a été interrogé à leur domicile, par téléphone. Ils ont répondu à 80 questions sur leurs habitudes de consommation. Le périmètre de la 9e enquête consommateur couvre le Rhône déborde dans l’Ain, l’Isère et la Loire, soit un territoire de 40 à 60 kilomètres autour de Lyon, totalisant 2,3 millions d’habitants.
Cette enquête est réalisée tous les 5 ans par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, le Grand Lyon, le département du Rhône, la ville de Lyon, les chambres des métiers et de l’artisanat du Rhône, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Beaujolais et 3 syndicats mixtes de Schémas de cohérence territoriale (agglomération lyonnaise, Beaujolais et Ouest lyonnais).

47% des consommateurs achètent des produits alimentaires auprès d’un producteur.