Une initiative pour la valorisation des productions locales et circuits-courts sur le marché des Vans

Date de parution : 26/05/2021

Samedi 8 mai 2021, notre association s'est rendue sur le marché de la commune des Vans, afin de réaliser un reportage consacré à une initiative de promotion des productions locales et circuits-courts sur ce marché emblématique de la Région. Depuis ce début d'année, des professionnels des marchés ont adhéré à la démarche Ici.C.Local, qui leur permet d'indiquer à leur clientèle, la provenance de leur produits à l'aide d'un étiquetage particulier.

Ce reportage a été réalisé dans le cadre du programme "La Région aime ses Marchés" lancé en 2019, depuis cette date, l'association M ton Marché est engagée avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes afin de valoriser et dynamiser les marchés de notre région. 

Mais au juste à quoi sert la marque Ici.C.Local ? Quel est l’impact de cette démarche pour la commune, pour le marché et pour les professionnels du marché ? 

Retrouvez toutes les interviews pour comprendre la mise en place d'une telle démarche et ses enjeux économique pour le territoire ! 

INTERVIEW - Anne Sophie LATOURRE

Directrice de l'Office de Tourisme Cévennes d'Ardèche

Interview Anne Sophie LATOURRE

En quoi consiste la marque Ici.C.Local ? Quel est son fonctionnement ?

Lancé par l’INRAE, le dispositif Ici.C.Local est un système d’étiquetage qui est proposé aux professionnels du marché et permet de donner une visibilité au consommateur sur l’origine du produit :

  • Étiquette verte : Direct producteur, produit local (rayon de 30km), produit de saison
  • Étiquette orange : Produit local et produit de saison
  • Étiquette violette : Produit non local ou hors saison

 Le professionnel dispose ensuite ces étiquettes sur ses produits en fonction de leur provenance.

Pourquoi et comment l'Office de Tourisme s'est-il engagé dans cette démarche

Nous travaillons beaucoup avec les acteurs de notre territoire, c’est le propre même de notre organisation d’avoir des acteurs qui sont tous impliqués dans la définition de nos projets. Nous avons donc mené un long travail de réflexion avec les producteurs sur une thématique qui nous tient à coeur pour savoir comment mieux valoriser leur travail, mieux rendre visible leur activité et la qualité de leurs produits.

L’Office de Tourisme est en contact permanent avec les visiteurs et les consommateurs qui avaient un vrai besoin de trouver où manger local et de pouvoir rencontrer en direct les producteurs. Les marchés sont alors devenus une évidence, car c’est la première activité que pratiquent les visiteurs sur notre territoire. Ils vont majoritairement au marché, il y avait donc un vrai travail à mener et cela s’est fait assez logiquement en concertation avec l’ensemble des parties prenantes.

Quelles ont été les étapes pour la mise en place de cette marque sur le marché des Vans ?

Cela fait plusieurs années que l’on travaille pour déployer cette marque sur quatre marchés, il y a eu des concertations avec la Chambre d’Agriculture de l'Ardèche puis il a fallu convaincre les mairies, les placiers et les communautés de communes (qui portent l’Office de Tourisme) de s’impliquer dans cette démarche et du potentiel de cette dernière. Depuis, on a réalisé de nombreuses réunions de la naissance de l’idée jusqu’à sa mise en œuvre, avec un vrai groupe local, dynamique et porteur de ce dispositif.

Comment avez-vous procédé pour mettre en place cette solution sur plusieurs marchés ?

Les marchés et le terroir sont très identitaires des Cévennes d’Ardèche, nous avons donc décidé de faire le lancement sur quatre marchés. La priorité étant de travailler sur des marchés ouverts à l’année et conséquents avec de nombreux producteurs et visiteurs. De plus, les producteurs font souvent plusieurs marchés, il n’y avait donc pas de cohérence à commencer par un marché plutôt qu’un autre. Il s’agit maintenant d’essayer de diffuser cette démarche pour que cela s’inscrive sur l’ensemble des marchés du territoire.

Quels sont les moyens financiers engagés par les producteurs et quels intérêts ont-il à adhérer à cette démarche ?

Ils sont à l’origine de la demande, c’est une réflexion engagée avec les producteurs car nous n’avions pas la possibilité de les regrouper dans une même zone du marché, il fallait pouvoir les distinguer des autres professionnels et le déploiement de ces étiquettes était un moyen de ne pas perturber l’organisation du marché et de rendre visible l’origine de leurs produits.

Les producteurs sont volontaires et ambassadeurs de cette démarche. La Communauté de Communes leur offre un lot d’étiquettes pour pouvoir commencer puis l’Office de Tourisme communique autour de cette démarche sur l’ensemble du territoire. Pour adhérer, le producteur doit être partenaire de l’Office de Tourisme (moyennant une adhésion financière moindre) et avoir un dossier validé par le comité local (constitué de professionnels, de l’Office de Tourisme et de la Chambre de l’Agriculture de l’Ardèche)

Quels moyens matériels ont été mobilisés pour la sensibilisation et la signalisation de cette marque sur l’ensemble des marchés ? (Communication, animations, rencontres, presse, etc.)

À ce jour le travail de communication se met en place, avec les communes parties prenantes, pour faire de l’affichage sur le marché, (banderoles par exemple), en plus de l’affichage sur le banc des producteurs. Plus globalement, l’Office de Tourisme porte la communication d’Ici.C.Local avec l’ensemble de ses supports (dossiers de presse, vidéos, réseaux). À noter qu'une communication plus festive sera réalisée au mois de septembre avec des animations sur le marché (intialement prévue dès le lancement mais repousée à cause de la situation sanitaire).

Après cette première phase de déploiement, quel bilan découle de ces actions ? (humain, matériel, financier, fréquentation du marché, etc.)

Il est encore un peu tôt de faire un bilan complet, mais même si la crise nous a vraiment impacté, le retour est plutôt positif puisque le consommateur reconnait maintenant le producteur. Il y a un effet de rassurance, à force de voir plusieurs fois les étiquettes, le consommateur n’a plus besoin d’explications.  On sait d’où provient le produit et c’est cette transparence que recherchait la clientèle.

Pas moins de 25 producteurs sont rentrés dans le dispositif à ce jour (mai 2021). De nouveaux producteurs et notamment des maraîchers, dont la pleine saison approche vont rejoindre cette démarche. Une cinquantaine de producteurs devraient alors intégrer la démarche d'ici l'été 2021, l’idée étant de créer un effet d’entrainement et que le bouche à oreille fonctionne pour un déploiement massif. D’ailleurs, nous avons déjà une demande d’un autre marché de rentrer dans ce dispositif.

Quels autres projets sont envisagés prochainement pour aller plus loin dans cette démarche ? Sur quels marchés ? 

Nous souhaitons déployer massivement ce projet, qui s’inscrit dans un projet global de territoire mais aussi pour répondre à un enjeu fort : la préservation des espaces ouverts, l’activité économique, soutenir l’alimentation locale, le bien manger, etc.

 

INTERVIEW - Jean-François LALFERT

Castanéiculteur (producteur de châtaignes)

Interview - Jean-François LALFERT

Pourquoi avoir voulu mettre en place cette initiative ?

J’ai eu connaissance de la démarche Ici.C.Local lorsqu’elle a débutée à Grabel, j’étais alors attentif à ce qu’il s’y passait. En tant que producteur de châtaignes en Ardèche, c’était important pour moi d’avoir une visibilité sur l’impact de l’agriculture sur le territoire et sur les marchés, c’est pour cela que j’ai compris l’intérêt et le potentiel d' Ici.C.Local.

Comment avez-vous mis en place cette marque ? Quelles ont été les principales étapes ?

Je suis impliqué depuis longtemps dans diverses démarches pour mettre en avant mon activité de producteur (avec mon propre affichage), c’est pourquoi m’impliquer pour Ici.C.Local allait de soi. Les clients demandent de plus en plus d’où proviennent les produits qu’ils achètent, il était alors important de montrer que nos productions étaient locales.  De nombreux labels existent déjà (AOP, IGP, etc.), mais l’objectif d’ Ici.C.Local est d’identifier sur le marché, que le produit est local.

Quels sont les enjeux d'une telle démarche pour les producteurs du territoire ? Et pour le territoire dans son ensemble ?

Premièrement c’est une question de visibilité (couleur, affichage attractif, etc.), deuxièmement, il s’agit d’un réel enjeu économique sur ce territoire. En effet, cette démarche va dans ce sens en sensibilisant les jeunes à reprendre/créer des activités qui sont valorisées sur le marché et qui sont soutenues par les politiques locales.

Quels moyens humains et matériels ont été mobilisés pour la mise en place de cette marque ?

Nous n’avons pas modifié nos effectifs après le lancement de cette marque. Ici.C.Local ne va pas modifier le fonctionnement de notre exploitation puisque nous sommes dans une démarche de production locale depuis un certain temps. En revanche, je pense que la visibilité de notre exploitation sur le marché donnera envie à d’autres entrepreneurs de se lancer et je l’espère, des jeunes !

Au delà de l'investissement humain, nous n’avons pas réalisé d’investissement matériel en particulier pour la mise en place de cette démarche, puisque les étiquettes nous permettant d’identifier nos produits nous sont offertes.

Comment avez-vous sensibilisé les consommateurs à cette nouvelle signalétique ?

La démarche est nouvelle, on explique petit à petit a notre clientèle à quoi correspondent les étiquettes. Depuis longtemps d’autres labels (AOP, Goûtez l’Ardèche, AOC) mettent en avant les produits d’origine sur notre territoire, c’est pourquoi les consommateurs sont habitués. Il est aussi très important de sensibiliser en plus des consommateurs, l’ensemble des acteurs du marché (élus, professionnels, etc.). Ici.C.Local représente pour moi l’aboutissement d’une volonté de valorisation des productions locales que je vends sur les marchés depuis de nombreuses années.

Quel bilan découle de la mise en place de la marque « Ici.C.Local » ?

Nous n’avons pas assez de recul pour le moment pour établir un bilan et nous en sommes encore qu’à nos débuts (quelques professionnels jouent le jeu pour le moment sur le marché des Vans). Nous allons communiquer pour gagner en visibilité, avec des banderoles et de la signalétique pour que les consommateurs prennent conscience de la présence de producteurs locaux sur le marché.

De mon côté, je crois en ce projet et j’essaie de faire passer le message aux nombreux producteurs du marché. Tous les professionnels qui n’adhèrent pas encore à la démarche vont le faire dans le futur, ce qui permettra à cette démarche de se mettre en place petit à petit.

Quelles améliorations souhaiteriez-vous apporter à cette démarche ?

Cela fait maintenant de nombreuses années que je travaille sur les marchés, premièrement, je souhaite transmettre mon savoir-faire et la qualité de mon travail à l’égard de celui ou ceux qui exerceront ce type d’activité dans le futur.

Deuxièmement, je souhaite que les collectivités entreprennent une démarche d’appropriation d’achat de terres et de rétrocessions des terres à des agriculteurs pour favoriser les productions locales. Il est important de motiver les futurs entrepreneurs en leur donnant des terres qui leurs permettront de produire local et de pouvoir ensuite valoriser leurs produits sur le marché grâce à la marque Ici.C.Local.

Tout ce travail a pu aboutir à l'aide de toute l’équipe des Cévennes d’Ardèche et les différents acteurs impliqués. Cette démarche est entamée depuis quelques temps, il fallait y croire et aller jusqu’au bout, même si cela n’a pas toujours été facile, tous les acteurs ont joué le jeu malgré cette crise si particulière à laquelle nous avons dû faire face.

 

INTERVIEW - Gérard GSEGNER

Vice-président tourisme Cévennes d’Ardèche et élu à la Mairie des Vans

interview - Gérard GSEGNER

Quelles ont été les motivations et objectifs du lancement de la marque « Ici.C.Local » sur le marché ?

On a une tradition de consommation très locale aux Vans, car il y a de nombreux producteurs qui viennent sur le marché. Lorsque L’INRAE a lancé cette marque il y a quelques années, les élus des Vans, la Fédération Nationale des Marchés de France et les professionnels, ont tout de suite adhéré au projet pour que l’on distingue bien sur le marché les producteurs locaux des revendeurs, mais surtout pour permettre aux consommateurs de s’y retrouver parmi tous les produits proposés. On retrouve aussi dans le sud Ardèche, une vraie motivation des clients à consommer local et bio.

En quoi les habitants de la commune sont-ils sensibles à cette marque ?

Ils sont sensibles par nature, car les ardéchois.se sont très attaché.es à cette démarche, ils ont une affection particulière pour les produits locaux et on un grand sens du territoire. Ils soutiennent les producteurs locaux et achètent régulièrement dans les magasins locaux.

En quoi les professionnels des marchés sont-ils sensibles à cette marque ?

Un certain nombre de professionnels connaissent déjà le succès auprès de leur clientèle habituelle, ils n’ont pas tous besoins de cette marque. Malgré tout, certains adhèrent à la démarche Ici.C.Local et affichent les étiquettes associées sur leurs étals. La marque est source de réussite, de ventes supplémentaires et gage de qualité auprès de la clientèle locale et des touristes (NDLR : le marché des Vans est très touristique et prisé Régionalement).

En quoi cette marque permet-elle d’équilibrer la consommation entre les commerces sédentaires, la grande distribution et internet ?

On ne peut peut-être pas parler d’équilibre, mais une chose est certaine, depuis un an, on se rend compte qu’il y a un attrait supplémentaire pour les marchés de producteurs et magasins de producteurs (accentué par la crise COVID). Le marché contribue à la bonne dynamique et à l’économie du centre-bourg, il vient notamment compléter l’offre de commerce sédentaire existante.

Quels sont les objectifs à court/moyen terme de la mise en place de cette démarche ?

Cette marque est actuellement déployée dans le sud Ardèche, sur quatre communes, on espère que tous les producteurs locaux adhéreront à cette démarche. On a toutes les semaines des nouvelles adhésions et une demande de nouveaux marchés qui souhaitent s’associer à la marque. On pense que cela va donner une dynamique particulière à notre marché, car cette marque touche maintenant toute la France entière.

Quelles autres actions sont envisagées prochainement pour aller plus loin dans cette démarche ?

L’année dernière on a eu la chance d’être deuxième aux Trophées des marchés de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Cela a contribué à augmenter notre notoriété et on se rend compte que des gens viennent de loin pour flâner sur notre marché. Outre ces Trophées, la commune est très attentive au développement du marché et est accompagnée par plusieurs acteurs dont la Fédération Nationale des Marchés de France. De nombreuses actions sont d’ailleurs menées ; on vient par exemple de refondre le règlement pour mieux sécuriser le marché, un programme d’animation est également prévu pour cette année 2021 avec pas moins de 5 animations. Ces animations permettent ainsi d’assurer une continuité à toutes les actions déjà menées jusqu’ici (Trophées des Marchés, Ici.C.Local, etc.).

NDLR : À noter que sur d'autres territoires, la démarche peut-être ouverte aux commerçants et artisans afin de mettre en valeur le bon travail de ceux-ci sur l'origine de leur production. 

 

Nous remercions tous les acteurs mobilisés et interviewés pendant ce reportage : la commune des Vans, l'Office de Tourisme Cévennes d'Ardèche, Jean-François LALFERT (castanéiculteur sur le marché) et enfin UNAGI qui a réalisé la vidéo.